Beaucoup de futurs mariés tombent des nues quand ils se penchent sur les prix pratiqués par les professionnels du secteur du mariage et de l’événementiel.
Pourquoi le photographe qui ne se déplace « que » le jour du mariage, ou encore, l’officiante qui vient simplement parler 45 minutes dans un micro… facturent-ils plus d’un voire plusieurs milliers d’euros leurs prestations ?
(c) Lumières d'Alice
On peut comprendre qu’il soit difficile pour les non-initiés de réaliser ce qu’il y a derrière un prix, et étant habituée à établir les budgets prévisionnels avec nombre de futurs mariés, j’ai eu envie de vous aider à le décrypter.
Alors pour mieux comprendre « pourquoi un mariage coûte si cher » (même si tout est relatif), décortiquons ce qu’il y a principalement derrière le prix affiché des prestations – et voyons si, finalement, il est possible de baisser le budget, et comment.
Les frais : matières premières, technique, personnel…
On peut distinguer deux catégories professionnelles, même si parfois la limite n’est pas clairement définie :
Les professions qui travaillent « la matière » et/ou vendent un produit : fleuriste, traiteur, couturier, maquilleur, bijoutier… c’est-à-dire les artisans.
Les professions dites « de service », « intellectuelles » et les artistes, qui exécutent des prestations immatérielles : officiant, photographe, musicien…
Pour un traiteur, il y a bien sûr le « coût-matière » c’est-à-dire le prix des aliments… Mais aussi de son labo, de son four, de son personnel, etc. D’ailleurs, si c’est surtout cette partie du budget qui vous pose question, je vous oriente sur cet article de l'an dernier où je vous explique comment négocier éthiquement votre budget traiteur !
Pour les photographes et musiciens, chacun sait que l’investissement matériel est évidemment très élevé à l’achat, mais également à l’entretien et au renouvellement, sans parler du prix des années de formation…
Et dans le cas des professions dites intellectuelles, c’est parfois bien moins visible mais ça existe quand même ! Pour ma part, il y a au minimum : mon ordinateur, mes logiciels, mon hébergement de site Internet (et éventuellement sa conception par un développeur professionnel), mon téléphone portable et mon forfait, mes supports de communication physique, ma voiture, son assurance, le carburant…
(c) Adélaïde Photographe
A savoir que l’année 2020, alors que tous mes contrats ont été reportés pour cause de crise sanitaire, mon activité et les frais fixes qui y sont liés ont toujours existé ! Entre autre, même lorsque je n’ai plus pu avancer sur vos projets et encore moins les célébrer, j’ai quand même continué d’utiliser (et au passage de payer) mon assurance professionnelle, mon local, les plateformes et les annuaires en ligne pour rester visible, mes acomptes pour les salons du mariage ont été conservés, etc.
La face immergée de l’iceberg : le temps qu’on passe
A mes yeux, c’est vraiment LE point le plus compliqué à estimer quand on n’est pas au fait des pratiques concrètes de chaque corps de métier.
Pour un traiteur, par exemple, on peut se représenter globalement le temps passé en cuisine ainsi que pour le service (à multiplier par le nombre de personnes dans l’équipe). Mais combien de temps passe réellement un officiant de cérémonie, coordinateur, photographe… à travailler, hormis celui où ils sont présents et « actifs » le jour de votre mariage ?
En fait, dans le temps investi par votre prestataire, quel que soit son corps de métier, il faut considérer :
Le temps de formation et de pratique nécessaire pour acquérir ses compétences et ses certifications, d’abord pour commencer à exercer, puis pour maintenir un niveau d’exigence (formation continue, répétitions…)
Le temps de prestation « avant le jour-J » consacré à vous rencontrer pour échanger avec vous, établir votre cahier des charges, mettre en œuvre tous les éléments nécessaires à la réussite du jour-J, monter et installer du matériel…
Le temps de prestation « le jour-J » qui recouvre le déplacement et l’activité en présentiel le jour de votre mariage (ce que vous voyez, en général)
Le temps de prestation « après le jour-J » : nettoyage, rangement, entretien des locaux et du matériel… et dans le cas particulier des photographes, temps de sélection, de traitement et de mise en ligne de vos photos que vous pouvez estimer en multipliant a minima le temps de prise de vue par deux !
Enfin, on ne parlera même pas du « temps caché » : celui passé à communiquer pour se faire connaître (si on ne délègue pas à une agence de communication), répondre à des demandes de devis (pour lesquelles on ne reçoit deux fois sur trois même pas un « non, merci. »), etc.
(c) Lumières d'Alice
Tout cela est donc facturé directement ou indirectement, et diviser le montant de la prestation par le volume horaire réellement investi par le prestataire fait souvent relativiser la hauteur supposée de ses gains... Même si on peut bien sûr débattre de ce qu’est un niveau de rémunération correct, digne ou « suffisant » en fonction des besoins et du style de vie de chacun
Et au passage, petite mise au point personnelle : oui, c’est déplacé de demander à une wedding-planner que vous avez pour la première fois au téléphone : « Vous ne voudriez pas me glisser juste deux-trois noms de traiteurs chouettes dans la région ? » ou « Ça vous dérangerait pas trop de me conseiller vite fait sur les fleurs / la playlist / la déco… » Eh bien oui, ça me dérange, parce que pour pouvoir vous répondre en quelques minutes, j’ai dû - et je continue de - sillonner la région, rencontrer une multitude de personnes, étudier le marché, me tenir au courant des tendances et des nouvelles pratiques, etc. pendant des mois et des années… et ce n’est pas uniquement mon temps de réponse que je facture, mais tout ce temps de travail investi en amont !
La marge : notre rémunération… mais pas seulement !
On y est : une fois déduits tous les coûts, fixes et variables, réguliers et ponctuels, et dégagé enfin notre rémunération horaire ou forfaitaire pour pouvoir en vivre (faire ses courses, s’habiller, aller au cinéma avec nos enfants, partir en vacances…), il reste éventuellement une marge.
Gardez en tête que dans tous les cas, cette marge n’est pas la part principale du tarif affiché. Et surtout, il ne faut pas négliger que la marge sert aussi et surtout à être réinvestie pour développer son entreprise ! Par exemple : développement de nouveaux moyens de communication, formation pour proposer de nouvelles prestations, travaux d’améliorations sur un lieu de réception…
La part subjective : la loi de l’offre et de la demande
Un paramètre qui peut également jouer sur le tarif d’une prestation, c’est la loi du marché et en particulier de la demande : ce qui est rare ou très désiré, est (souvent) cher… Bien sûr, il y a parfois ce qu'on appelle dans le jargon la fameuse « taxe mariage » (ou quand une même prestation voit son prix monter en flèche quand on prononce le mot « mariage » au lieu de « fête de famille » ou « anniversaire », sans aucune raison apparente)… mais pas que !
Les prestataires du mariage sont généralement davantage que de simples techniciens : les professions exercées dans ce secteur, qu’elles soient artisanales, artistiques ou intellectuelles, revêtent souvent une dimension créative unique et difficilement objectivable, encore moins chiffrable.
(c) Adélaïde Photographe
Qu’est-ce qui fait que tel photographe, tel traiteur ou tel officiant est plus coté qu’un autre, outre sa qualité de prestation technique de prestation ? Difficile de définir une valeur subjective… et si les capacités techniques peuvent s’apprendre par l’imitation, les singularités humaines et artistiques peuvent elles aussi se cultiver, mais ne peuvent être copiées !
Ainsi, un prestataire qui sort du lot et est hyper demandé pour des raisons artistiques ou humaines peut parfois se permettre d’opérer une sélection par les tarifs.
On peut le déplorer mais c’est ainsi dans une société régie par la loi de l’offre et de la demande !
On a failli oublier : les cotisations, taxes et impôts !
J’ai choisi de ne pas commencer par ce point, même si ça aurait été plus logique, pour ne pas faire fuir les plus récalcitrants d’entre vous avec des calculs… Mais c’est en réalité sur seulement 80% du montant affiché d’une prestation que s’applique tout le raisonnement précédent.
Car globalement, sur tout prix de prestation affiché T.T.C. , vous pouvez d’ores et déjà retrancher au minimum 20% du montant destinés à être reversés à l’Etat. En effet, en prestation de service, soit :
votre prestataire est en Entreprise individuelle ou en Société : il faut retrancher au prix affiché T.T.C. la T.V.A. de 20%, qui est reversée à l’état.
votre prestataire est autoentrepreneur : en plus de ne pouvoir déduire ses frais professionnels, c’est environ 22% du chiffre d’affaire qui est alloué aux cotisations URSSAF ;
Je suis personnellement très heureuse de faire partie d’un système solidaire où une partie de mes revenus est cotisée et collectivisée pour me permettre et permettre à mes concitoyens d’accéder de façon égalitaire à des institutions de santé, d’éducation, de retraite, etc.
Mais en attendant, cet argent est déduit de mes revenus immédiats… et ne tombe donc pas dans ma poche à la fin du mois ! Après quoi, il ne faudra bien sûr pas oublier soit l’impôt sur le revenu – comme pour les salariés, soit celui sur les sociétés.
Conclusion : comment baisser le budget du mariage ?
Pensez-y : un mariage « classique », c’est un vrai événement qui fait travailler plusieurs corps de métiers, intègre de la location de lieu, de matériel, la diffusion de supports de communication, et qui propose de la restauration et de l’animation pour une voire plusieurs centaines de personnes… Un peu comme un mini-festival, sauf que vous ne recevez pas de subventions publiques et que vos invités ne payent pas leur entrée !
Finalement, ça coûte cher parce que… ça vaut cher ! Bien sûr, rien ne vous oblige à suivre un format classique.
(c) Adélaïde Photographe
Globalement, pour réduire les coûts, vous pouvez jouer sur plusieurs leviers :
Réduire le nombre d’invités (pour louer un lieu plus modeste ou diviser votre budget traiteur, les deux postes principaux d'un mariage) ;
Passer par des circuits alternatifs : occasion et seconde-main, location, récup’, prêt, troc…
Et surtout, faire par vous-mêmes et avec l’aide de votre entourage… en étant conscient que l’exigence de résultat ne pourra pas être le même que pour un professionnel – mais heureusement, j’ai quand même quelques conseils pour que ça se passe au mieux si vous faites appel à des proches !
Besoin d’aide pour estimer votre budget, dénicher vos prestataires coups de cœur au prix juste, trouver les bons plans, imaginer votre cérémonie laïque… ? Ce sera un plaisir d’échanger avec vous autour de mes prestations – dont vous comprenez maintenant mieux comment le prix est calculé !
Très intéressant comme article. Un sujet délicat mais très bien traité.
Merci Camille ! 😊
Merci pour cet article. Je les trouve toujours très bien fait !
Juste pour le point taxes, tu mentionnes que c'est soit la TVA soit l'URSSAF, mais c'est quand même simplifié car par exemple on peut être en auto-entreprise sans franchise de TVA, et donc payer la TVA et l'URSSAF (cette fois-ci sur le CA moins les frais que on peut déduire, mais ça fait quand même de l'URSSAF à payer, pas que la TVA, donc ça fait une part bien plus importante que 20% qui "s'envole" 😉)
Et pour la taxe mariage, je ne l'applique pas vraiment, mais si je trouvais avant que c'était "sorti du chapeau" ces augmentations, maintenant que je suis dans le monde du mariage je…