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Les DIY déco, cadeaux d’invités… vraie ou fausse bonne idée écolo ?

Pistes pour un fait-maison vraiment écoresponsable (et même féministe !)

Si vous avez pratiqué Internet au cours de la dernière décennie, vous n’avez certainement pas pu passer à côté de ce terme : « DIY » (« Do It Yourself » ou en français, « faites-le vous-même »).


Pour des événements autant que pour le quotidien, les tutos DIY ont la cote : cadeaux d'invités, papeterie, décoration...


Faire « maison » peut être plus ou moins ludique, économique, facile, quelquefois rapide ou, au contraire, chronophage


Et dernièrement, la pratique a souvent été associée à l’écologie car revendiquée par de nombreux partisans du Zéro-Déchet.


(c) Damien Milan (recadré)


Réduire ses déchets est en effet à considérer comme l’une des solutions écologiques (bien que son impact réel et sa portée politique soient loin d’être suffisants en eux-mêmes, mais c’est un autre débat).


Cela dit, le lien entre DIY et réduction des déchets est-il si évident ?


Et globalement, au-delà de la question des déchets, faire soi-même : est-ce une bonne façon de diminuer son impact éthique (humain, animal) et écologique (pollution chimique, transport…)?


Comment savoir concrètement si le DIY qu’on envisage est une vraie ou une fausse bonne idée écologique et éthique ?


Florine, fondatrice de l’Atelier Ricochet à Angers, est l'experte invitée de cet article rédigé à quatre mains pour vous donner toutes les clés du DIY écoresponsable !


Les vraies mauvaises idées : les arnaques marketing


Commençons par dénoncer une pratique malheureusement répandue : la récupération de la mouvance « ZD » par de nombreuses marques qui n’ont parfois d’éthique et écoresponsable que la prétention (j’ai nommé, le fameux “green-washing” et tous ses dérivés).


Ainsi a-t-on vu fleurir partout ces dernières années des « kits DIY » généralement peu minimalistes en termes de déchets voire sur-emballés, aux ingrédients de provenance douteuse ou de qualité médiocre.


L’offre est particulièrement étendue pour les kits de produits du quotidien (ménagers et cosmétiques), mais on peut aussi trouver ce type de kits pour réaliser ses faire-part ou ses cadeaux d’invités : couronnes de fleurs séchées, crochet, macramé, contenants en carton, suspensions en papier ou en pompons, serviettes à broder…



Comme pour tout acte de consommation, tâchez de garder l’esprit critique : de petits drapeaux français disséminés partout sur la boutique en ligne, de belles couleurs pastel et une “charte d’engagements” ne sont en rien (mais vraiment en rien) des gages de qualité et encore moins d’éthique et d’éco-responsabilité.


Par ailleurs, pour Florine, le principal inconvénient est qu’il y a en fait très peu de cas où ces kits permettent vraiment une personnalisation à 100% (ce qui gâche un peu tout l’intérêt du DIY).


Tout n’est pas à jeter dans les kits DIY, bien sûr, mais je rejoins Florine et vous appelle à la vigilance au moins sur un point : quelle que soit la qualité, le prix est souvent faramineux par rapport à un produit équivalent tout prêt.


C’est tout de même un comble : pourquoi payer plus cher un produit pas fini (et qui va donc nous demander du temps de réalisation) que son équivalent conventionnel ?


Cet appel à l’esprit critique étant fait, passons donc sans plus tarder aux critères objectifs pour garantir un DIY véritablement engagé (en kit ou pas).


Critère #1 - La quantité produite


La production industrielle n’a pas que des inconvénients : mutualiser les matières premières, l’énergie et les outils pour produire en un même endroit est parfois plus écologique que d’équiper chaque foyer pour faire-maison en petite quantité.


Cela dit, pour Florine, s’il y a bien un moment où le fait-maison peut être intéressant, c’est pour un événement d’une certaine ampleur comme un mariage !


En effet, le format n’est plus exactement celui d’un foyer : acheter des ingrédients ou des matériaux pour fabriquer par exemple 50 à 200 cadeaux d’invités fait davantage de sens que si c’était pour soi tout seul.


(c) Our Love is Loud


Critère #2 - Le cycle de vie


Au fait, avant même de commencer à le réaliser, vous êtes-vous demandé quel est l’objectif de votre DIY et ce qu’il deviendra une fois l’événement passé ?


Ce serait trop dommage qu’il ne soit destiné qu’à décorer ou amuser les invités le temps d’une journée, puis à être laissé dans un tiroir ou pire, jeté !


Vivent le consommable (alimentaire, cosmétique…), le durable et le réutilisable : c’est l’un des mantras que Florine a à cœur de mettre en œuvre.


Par exemple, les invités de son mariage avaient tous reçu une petite fiole de sauce barbecue faite maison : une fois la sauce consommée, la petite bouteille pouvait être conservée (et à part créer et coller une petite étiquette personnalisée, ce n’est pas là-dessus qu’elle a mis toute son énergie).


A l’inverse, elle se souvient avoir reçu en cadeau d’invité une boîte de dragées en papier que la mariée avait découpée-pliée-collée à la main… Autant dire qu’aussitôt les dragées mangées, la boîte a fini à la poubelle ; alors certes c’est recyclable, mais après tout le temps que la mariée avait passé dessus, cela fait un peu de peine !


Que faire des éléments de décoration que vous aurez fabriqués avec amour ? Il est important d’y penser en amont : en garder certains en souvenir et en offrir d’autres aux invités, en revendre ou en donner à d’autres futurs mariés sur les réseaux sociaux… Pour les fleurs coupées, sachez qu’il est même possible d’offrir ses compositions et bouquets à des maisons de retraite dont les résidents seront ravis de voir leur lieu de vie ainsi égayé !


Bref, le réutilisable, c'est super, juste... une petite mise en garde : attention aux faux-amis, comme les tote-bags et les écocups personnalisés


Pourquoi "faux-amis" ? Parce qu'ils ne sont vraiment écolo que si on les utilise des centaines de fois (polluants à produire, peu ou difficilement recyclables…) ; or, on en a tous déjà en quantité astronomique dans nos placards..


(c) Nicolas Grout pour "La Mariée en Vert"


Pour mieux comprendre la problématique, Florine vous recommande cet article d’une salle de concert lilloise expliquant comment l’écocup avait perdu son côté écologique en devenant objet de collection et/ou de communication.


Bien sûr, le cycle de vie de vos tote-bags sera beaucoup plus vertueux si vous décidez par exemple de le fabriquer 100% DIY à partir de chutes de tissus ou d'anciens vêtements plutôt que si vous le faites fabriquer intégralement neuf (même en coton bio, comme on va le voir après).



Critère #3 - Le matériel utilisé


La question du matériel nécessaire pour réaliser un DIY se pose à la fois pour le quotidien et pour les grands jours.


Au moment de choisir votre DIY et votre matériel, veillez à :


- Favoriser la simplicité


Privilégier les recettes et bricolages minimalistes en ingrédients, matériaux et outils est déjà un bon point de départ. Si votre DIY nécessite des ustensiles ou matières premières très spécifiques, ceux-ci seront en effet difficiles à réutiliser par la suite… et risquent d’encombrer vos placards ou de finir à la poubelle.


Florine recommande notamment de faire attention aux fournisseurs qui poussent à la surconsommation : par exemple, les recettes d’Aroma Zone comportent de nombreux ingrédients pour certains très spécifiques (ça tombe bien, ce sont eux qui les vendent) !


Petit point écolo-féministe en passant : ne serait-il pas temps d’arrêter les cadeaux genrés, pour les enfants comme pour les adultes ? La petite fiole de whisky pour les hommes, la mignonette de vin blanc pour les femmes ; cela fait deux fois plus de matières-premières, de contenants différents, de temps de préparation… ! Simplifiez-vous la vie et trouvez quelque chose qui pourra plaire à la majorité des invités.


- Avant d’acheter : louer, réutiliser, récupérer…


Si vous êtes un(e) fervent(e) adepte des DIY, comme Florine, sans doute êtes-vous déjà un minimum équipé(e). Mais s’il faut par exemple acheter un stérilisateur pour faire des mini-conserves de sauce tomate spécifiquement à l’occasion de votre mariage, ce n'est pas super écolo (sauf si vous prévoyez d’inclure dans vos vœux de mariage la promesse de faire des conserves pour le restant de vos jours !)


A moins donc que vous souhaitiez faire un investissement de longue durée, il est toujours intéressant économiquement et écologiquement d’emprunter et/ou mutualiser le matériel et les outils : emprunter le fameux stérilisateur, le matériel de pyrogravure, la découpeuse pour faire de jolies étiquettes…


La récupération et la seconde-main sont également des options parmi les plus économiques et les plus écologiques.


Les principaux inconvénients de la récupération pour des gros volumes sont qu’il est difficile d’obtenir de l’uniforme, et que chiner demande du temps, de l’organisation et de l’anticipation. Mais les objets chinés ont souvent une authenticité précieuse, et heureusement, la tendance actuelle en matière de décoration est au dépareillé (et personnellement je trouve ça canon!).



Et si on doit absolument acheter neuf, passer par des grossistes peut être intéressant économiquement. Mais pour garder l’aspect écologique il est important d’essayer de viser juste sur la quantité (qui se trimbale 40 mini-bouteilles en verre depuis 4 ans parce que le prix de gros était plus intéressant ? C’est Florine ! Non, on ne devient pas experte sans faire des erreurs...)


- Bien lire les étiquettes


Elles sont parfois indispensables, mais veillez tout de même à minimiser les matières-premières rares, polluantes, peu dégradables ou renouvelables, produites dans des conditions peu éthiques


Renseignez-vous autant que possible sur la nature et les conditions de production de votre matériel ; et au moment de faire votre choix, ne vous laissez pas endormir par la présence d’un ou de plusieurs labels.


En effet, sans parler de la discutabilité de certaines chartes, un label bio n’est par exemple pas toujours préférable au conventionnel et ce n’est en tous cas pas le seul critère à prendre en compte.


Par exemple, le coton est une matière naturelle mais sa culture nécessite beaucoup d’eau, même en version bio : il n’est donc pas forcément supérieur à un autre textile produit de façon conventionnelle, mais moins gourmand en eau.


- Minimiser les emballages et les transports


On le sait bien, commander en ligne sur AliExpress pour bénéficier de prix au ras des pâquerettes, c’est tentant mais… ça flingue le bilan carbone (sans parler de la qualité inconstante des produits, ni des conditions de production et de commercialisation) !


Que ce soit pour la traçabilité ou l’impact carbone, Florine et moi sommes unanimes : il vaut mieux chercher à se fournir en local dès qu’on peut et éviter autant que possible l’achat qui vient de loin.

Critère #Bonus : le temps et l’envie (ça compte aussi !)


Alors, ce DIY : de quoi va-t-il être fait, à qui va-t-il profiter mais aussi (et surtout)... qui va le faire ?


Broder un mouchoir à la main (“pour les larmes de joie”) pour chaque invité, plier des origamis marque-place... ça n’a l’air de rien, mais ça peut vite se transformer en calvaire sans fin. Faites le calcul : si vous décidez de ne consacrer ne serait-ce que 3 minutes à chaque bricolage, multiplié par 150 invités, vous allez y passer sept heures et demie. Si chaque réalisation vous prend 10 minutes : vous en prenez pour vingt-cinq heures (!).


La question de l’envie est centrale : Florine regrette que trop de personnes se mettent la pression du DIY parce qu’elles pensent qu’il est obligatoire de réaliser des choses ultra-personnalisées et de déployer des trésors de créativité pour un événement (spoiler : c’est faux !).


Pour vous économiser du temps et des efforts, en particulier si vous vous mettez au DIY un peu contraint(e) et forcé(e) par votre budget, n’hésitez pas à opter pour le plus simple et la jouer stratégique en faisant le plus possible “en gros” : des pains de savons à découper en portion individuelle, une grosse marmite de cire pour couler des mini-bougies…



Surtout, pour Florine, il est primordial de se fixer des priorités : on ne peut pas faire un mariage 100% DIY tout seul. Soit on s’entoure (voire on opte carrément pour un mariage participatif), soit on sélectionne, sous peine de s’épuiser.


L’entourage peut être d’une grande aide : celui qui s’y connaît en graphisme peut faire le design des étiquettes du cadeau invité, celle qui a une belle écriture peut vous donner un coup de main pour rédiger les adresses des faire-part...


Il est important de se concentrer, avec lucidité et bienveillance, sur ce qu’on sait et aime faire et sur quoi on peut être aidé(e), et de déléguer le reste à des professionnels compétents. En effet, les économies réalisées sur les DIY peuvent être réinjectées sur d’autres prestataires !


Second point écolo-féministe : les DIY sont souvent une tâche chronophage et surtout, une charge mentale supplémentaire. Encore aujourd’hui, la charge mentale échoit majoritairement aux femmes.


Or, un mariage, ça se célèbre à deux et ça se prépare surtout à deux ! Même si vous n’êtes pas le “moteur” de l’organisation des préparatifs dans votre couple, que vous n’avez pas vraiment une idée très précise en tête, ce n’est pas pour autant que cela ne vous concerne pas et que vous ne pouvez pas passer un bon moment avec votre moitié à réaliser votre part. Les actions répétitives se font très bien autour d’un verre et d’un bol de cacahuètes !


On peut aussi mettre les enfants à contribution si l’activité est plaisante pour eux et que cela fait passer un bon moment à toute la famille, mais il ne faut pas espérer que ça nous fasse gagner du temps.


Réciproquement, du côté du “moteur”, il faut accepter de lâcher-prise et que tout ne soit pas forcément calibré au millimètre (qui verra que cette étiquette est légèrement décalée par rapport aux autres ?).


BILAN - Se poser les bonnes questions


Les DIY sont souvent plébiscités dans les EVJF, anniversaires et fêtes familiales pour leurs atouts créatifs, ludiques et éventuellement économiques – et aussi pour la petite fierté de pouvoir dire « c’est moi qui l’ai fait ».


Si l’aspect écologique et éthique vous tient aussi à cœur, voici donc les principaux points à retenir avant de démarrer la recette ou de vous lancer dans le bricolage :


- quelle quantité vais-je produire ;

- qu’est-ce que je mets dedans ;

- à quoi va-t-il servir... et resservir ;

- ai-je vraiment le temps / l’envie / l’aide nécessaire ?


Il ne vous reste plus qu’à vous lancer… et prendre du plaisir à créer !




Besoin de conseils et/ou d’accompagnement durant vos préparatifs ? Organisation, décoration, coordination ; présentez-moi votre projet, je serai heureuse de vous soutenir pas à pas jusqu’au jour-J !

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