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  • Photo du rédacteurCamille

Un mariage « à son image »…

Ou pourquoi on se met la pression pour que toute la déco soit « parfaite »



La décoration est souvent l’un des postes les plus importants d’un mariage, que ce soit en dépense ou en temps.


On y réfléchit la journée, on en rêve la nuit, on la conçoit, la fabrique et/ou l’achète souvent pendant chaque temps libre de tous les mois de préparation !


C’est bien normal : un grand jour se prépare avec une grande attention aux détails, car le soin qu’on porte à ces détails est à la mesure de notre souhait de rendre ce jour unique, aussi unique que notre histoire d’amour !


Et puis bien sûr, tout le monde aime les belles choses.



Et comme tout le monde, je suis moi aussi sensible aux ambiances ; un cadre harmonieux et agréable contribue à sublimer un moment, à amplifier une émotion.


Malheureusement, ce souci du détail prend parfois des proportions un peu problématiques, quand cela tourne presque à l’obsession.


Cela peut toucher tout le monde et pas seulement ceux dont la personnalité serait excessivement perfectionniste, car cela n’est à mon avis pas une affaire individuelle mais bien un phénomène sociétal !


Car j’ai l’impression que ce phénomène est une forme de réponse à une sorte de double-pression extérieure : d’une part, la menace de « jugement » perpétuel des autres (en particulier sur les réseaux sociaux), qui s’ajoute d’autre part à l’idéologie individualiste de nos sociétés qui fait de la journée du mariage la démonstration d’un « accomplissement personnel ».



Les attentes sociales de performance


La comparaison sociale a bien sûr toujours existé.


Aujourd’hui, c’est un lieu commun de le dire, mais cela reste vrai : cette comparaison sociale devient permanente et amplifiée par le fait de partager sur les réseaux sociaux.



On constate que de plus en plus de personnes ont des difficultés à sortir de chez elles non maquillées, voire que les plus touchées par ce phénomène se tournent vers des opérations de chirurgie esthétique pour se conformer à une nouvelle norme esthétique instituée par les filtres de retouche automatique.


Sans aller si loin, il est vrai que l’on fait désormais face à une exigence plus ou moins consciente mais néanmoins forte que le mariage, ou tout autre grand événement, soit "Instagramable".


Même si on aimerait se croire au-dessus de cela, il est tout à fait humain et commun de succomber à ces exemples si foisonnants et pourtant irréels, ces idéaux inaccessibles, mis en avant à grand renfort de vérités partielles et de réalités tronquées.


Alors malgré soi, on peut se retrouver à retourner naturellement vers un certain conformisme et chercher à correspondre à ces injonctions de perfection très élevés.



Se libérer : s'inspirer... sans se conformer !


Ne jetons cependant pas (totalement) la pierre aux réseaux sociaux : ils me sont bien utiles pour ma présence en ligne, comme ils vous sont utiles pour trouver vos prestataires et leur partager vos inspirations, ce qui facilite grandement l’échange et le dialogue.


Mais justement, parlons-en, de ces inspirations.Elles ont des avantages, et à ce titre je partage souvent des images d’inspiration, parfois issus de mes propres shootings.


Les shootings d’inspiration sont d’ailleurs de superbes occasions de rencontre humaine, de mettre en commun la créativité de plusieurs prestataires, et d’obtenir ainsi des images qui nous permettent de présenter notre univers et notre style aux futurs mariés !



Cependant, elles ont aussi un risque de dérive : se transformer en prescriptions.


A nous, professionnels du design et de la décoration d’événement, d’être très clairs avec nos clients : les images d’inspiration sont de l’ordre de l’artistique et n’ont pas forcément vocation à être copiées ou reproduites telles quelles « dans la vraie vie » !


Dans la même veine, ne proposons pas non plus d’articles de blog sous forme de prescription : stop aux listes « indispensables », aux « must-have », et aux « incontournables »… de la décoration et du reste.


L’exemple le plus révélateur que je puisse trouver actuellement de ce dévoiement est la floppée d’injonctions qui abondent autour de la nouvelle tendance de « l’elopement » !


Quel dommage de détourner une idée, si belle à l’origine, celle de s’échapper uniquement à deux ou avec son cercle de plus proches, parce qu’on souhaite faire de son union un moment intime, qui ait du sens pour soi-même et non pour les autres, et pouvoir y être 100% sincère…


Et de commencer déjà à la standardiser sur les blogs, Instagram, Pinterest, en proposant essentiellement des images extrêmement stylisées avec des décorations extravagantes (quoique sublimes, on est d'accord!), prises presque exclusivement dans des lieux exceptionnels, assorties de listes de « choses à faire » pendant cette « aventure » !


Au lieu de laisser l’elopement être un retour à l’essentiel, à la simplicité, au « faire comme on veut » en s’émancipant des contraintes… cela devient une injonction à y consacrer encore plus de moyens, à peaufiner encore davantage le moindre détail pour rendre ce moment « exceptionnel » et en faire une « expérience inoubliable ».


Pourquoi le styliser à ce point ?


Et surtout... pourquoi en partager les photos sur les réseaux ?


A qui sont-elles destinées ?



A mes yeux, c’est comme un retour de la pression sociale dans une version encore plus paradoxale : si l’idée de départ est de préserver son intimité et de se forger un souvenir seulement à deux (ou à très peu), à quoi sert de le montrer au monde entier ?


Pourquoi a-t-on encore besoin de consulter une liste des « immanquables » au lieu d’écouter simplement son envie profonde ?


Si on n’est pas des aventuriers, alors faisons une virée dans notre propre ville, ou au maximum au bord de la mer (à 2 heures de route d’Angers, ça tombe bien), sans se dire qu’il sera moins bien, moins inoubliable, moins « réussi » qu’une expédition avec toute une agence de photographes en Écosse ou en Arizona (et on polluera aussi carrément moins…) !


Attention, je ne dis pas de faire à tout prix l’inverse de la tendance, ce serait être tout autant influencé(e) par elle !


Il s'agit juste de garder un esprit critique, et de se demander si elle nous correspond vraiment.


S’il se trouve en effet que nos aspirations profondes correspondent aux tendances, eh bien suivons-les de la même manière, sans hésiter !



« Un mariage à votre image »


Voilà pourquoi j’évite lors de mes rencontres avec les futurs mariés de mettre en avant cet argument d'« un mariage à votre image ».



Placer au cœur de la discussion cette idée de l'« image » me fait craindre d'éclipser la démarche de recherche du sens, qui est au centre de mon éthique et de ma méthode de travail.


Je ne souhaite pas rajouter par mon discours à toute cette pression déjà existante de démonstration sociale de performance individuelle à travers l'événement !


Que ce soit dans l’organisation, la décoration ou la cérémonie laïque, je ne commence donc jamais par vous demander votre code couleur ou votre thème, mais par me plonger dans votre histoire, vos personnalités, vos convictions et valeurs…


C’est seulement ensuite qu’on peut envisager l’esthétique, l’aspect, l’apparence… pour les mettre au service de la narration et de l’expression de qui vous êtes, vraiment.


Et pas (seulement) pour les autres : avant tout pour vous-mêmes.



C'est cela qui fait pour moi tout l'intérêt de mon métier : mon axe de travail est toujours de créer sur-mesure à partir de l’histoire, les valeurs et la personnalité des personnes que je rencontre. C'est dans cette définition que je peux revendiquer la personnalisation de l’accompagnement que je propose, aussi bien dans l’organisation, la coordination, le design que dans l'écriture et la création de la cérémonie laïque.

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