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  • Photo du rédacteurCamille

#EthicMarketing – Ep.04 : L’éthique : un prétexte pour gonfler les prix ?

Ou la fable du « prix de la qualité » (et la principale astuce pour sauver son budget en célébrant éthique)


C’est déjà le dernier article de cette série thématique #EthicMarketing, consacrée tout au long de la semaine aux pièges du marketing autour de l'argument "éthique" et aux façons de les déjouer !


Après avoir dénoncé un certain nombre de pratiques dans les deux premiers articles, le troisième sonnait comme une note d’espoir : oui, en étant vigilant et en privilégiant le dialogue avec ses prestataires, on peut révolutionner les principes de l’événementiel… et même le monde (ou presque).


A travers ces articles, mon objectif était à la fois de vous sensibiliser aux abus pratiqués et de vous encourager à devenir acteur de vos choix, à prendre des décisions engagées pour exiger le meilleur pour vous-même et pour les autres.


J’espère avoir approché mon objectif.


Mais je sais qu’il reste encore un obstacle entre vous et votre passage à l’action, un obstacle difficilement surmontable, capable de faire s’effondrer toute votre bonne volonté.


Cet obstacle, c’est le nerf de la guerre : le prix.


Car c’est bien connu, un article éthique est forcément plus cher que son équivalent conventionnel.


Vraiment ?


En tous cas, cela en a l’air… que ce soit en ligne ou dans les magasins, apposer une étiquette #éthique sur un produit semble lui donner un prix (plus) élevé.


Mais là encore (vous commencez à connaître la chanson)… et si ce n’était pas si simple ?


Si c’est plus cher, c’est forcément éthique ?


En réalité, beaucoup de marques de grande distribution ont compris qu’il y avait là un filon à explorer et jouent sur le flou des lignes éthiques pour augmenter leurs marges.


C’est par exemple le cas de célèbres marques de vêtements, chaussures et accessoires telles que Maje, Sézane, etc. qui se permettent de vendre plus cher des produits qui ne sont pas forcément de meilleure qualité, ni plus écologiques, ni plus éthiques que leurs concurrents (type H&M ou Zara) pour une unique raison : leur cote de popularité.


Cette cote de popularité tient uniquement à leur réputation, en réalité largement usurpée : un soi-disant made-in-France (qui ne concerne souvent que quelques pièces de la collection…), un soi-disant savoir-faire, une soi-disant qualité de fabrication… (source)


En donnant l’illusion d’un « luxe éthique (relativement) accessible », elles accomplissent le véritable tour de force de transformer ce qui est normalement un frein, à savoir le prix élevé, en argument de vente.


La « hype » de ces marques repose sur un cercle vicieux : leur prix élevé, qui les rend a priori plus difficile d’accès, les rend d’autant plus désirables et leur permet d’être tout de même achetées, les renforçant dans leur politique de prix élevé.


Ces exemples issus du prêt-à-porter quotidien sont généralisables au monde de l’événementiel et en particulier du mariage.


Car, si vous avez déjà commencé vos recherches de prestataires, vous n’avez pas pu passer à côté (et sinon, vous allez rapidement le découvrir) : avec l’étiquette « mariage », tous les prix ont tendance à s’envoler !


Alors je peux comprendre le vertige budgétaire qui vous saisit au moment de vouloir doubler cette étiquette « mariage » avec celle « éthique »…


Heureusement, on peut s’en sortir.


Car, comme on vient de le voir, si plus cher ne veut donc pas forcément dire mieux, est-ce que mieux veut forcément dire plus cher ?


Eh bien pas nécessairement !


Encore une fois, je ne suis pas une spécialiste du commerce international, mais mon expérience personnelle et mon dialogue avec les différents prestataires événementiels que je rencontre me permet de parler de différents exemples qui, je l’espère, pourront vous inspirer.


L’éthique pas chère : impossible ?


Qu’il s’agisse de robe de mariée, de faire-part, de fleurs… Il y a des facteurs inhérents à toute production, des points sur lesquels on ne peut pas rogner.


C’est par exemple le cas des taxes : si on ne pratique pas l’évasion fiscale et qu’on a bien domicilié son entreprise (ou sa filiale…) en France, le taux de TVA appliqué est et reste toujours de 20%.


Les cotisations sociales, les impôts à payer… On ne peut pas non plus les négocier, et forcément, une marque qui choisit de produire et de se domicilier en France – ou du moins, dans un pays respectant à minima les droits des travailleurs – aura toujours un train de retard sur les marques qui ne jouent pas le jeu.


Mais il y a aussi des leviers sur lesquels on peut jouer et qui peuvent permettre de concurrencer, voire battre les entreprises conventionnelles tout en ayant des pratiques éthiques.


Pour cela, il faut accepter de sortir des sentiers battus et prendre des risques.


Cela peut être un pari risqué, mais sacrément payant.


Par exemple, la communication est un gros poste dans la plupart des entreprises, elle semble incontournable, et ses coûts se répercutent sur le prix des produits ou services vendus.


Et si, pour supprimer ces coûts, il était possible de se passer d’elle ?


Ainsi, c’est la piste qu’a choisie une marque pour essayer de battre les grandes enseignes au jeu de la réduction des coûts en jouant la carte éthique : se passer de communication traditionnelle.


L’exception qui confirme la règle, cette marque éthique à très faible coût, c’est la marque de cosmétiques Avril.


Cette entreprise française (qui produit également en Italie et, pour ses accessoires, en Asie, en restant vigilante aux conditions de travail de ses employés) propose des produits cosmétiques et de maquillage aux compositions écologiquement exemplaires (et même, pour certains, vegans) à partir de 3€ !


Chez eux, un cours de maquillage de mariée de 30 minutes - auquel peut bien sûr assister sa témoin ou demoiselle d’honneur – s’élève à 20€. L’essai + le maquillage le jour J, qui consiste donc en deux séances de 30 minutes, couteront la modique somme de 40€.


Evidemment, avec cette combinaison d’excellents produits et prestations et de prix très attractifs, la marque voit actuellement sa notoriété et l’engouement des consommateurs exploser.


Ces derniers mois, la marque ouvre donc sans arrêt de nouvelles boutiques partout en France.


Quel a été son secret ? Construire sa communication à l’opposé des marques conventionnelles. Cela inclut de ne faire aucune publicité (ni affichage, ni magazine…), de n’avoir aucune égérie ni partenariat, de ne distribuer aucun échantillon gratuit…


Cette sobriété se retrouve à l’intérieur des boutiques, où seuls les produits eux-mêmes sont mis en valeurs dans un design épuré.


La marque s’est fait connaître en misant uniquement sur le relais des clients satisfaits et enthousiastes à l’idée de partager ce « bon plan » avec leur entourage (et c’est exactement comme cela que je les ai connu, d’ailleurs) !


Alors certes ce n’était pas gagné d’avance, mais quand on y pense, c’était une idée géniale.

Car, c’est bien parce que la marque a réussi à se passer des coûts astronomiques pour des opérations de communication classiques qu’elle peut proposer d’aussi bons produits, qualifiables à mes yeux d’éthiques et écologiques (même si bien sûr, tout est toujours perfectible), à prix imbattables.


Donc oui, c’est extrêmement rare, mais l’éthique à bas coût est en fait possible !


L’éthique à prix équivalent : oui !


Cependant, je me répète, cela reste exceptionnel.


Heureusement, en restant réaliste, si l’éthique à prix cassé est (pratiquement) impossible (car il faut bien que les gens vivent, que les normes soient respectées, que les taxes soient payées, etc.), je l’affirme : NON, l’éthique ne doit pas forcément coûter PLUS cher.


Il est tout à fait possible pour une marque, grande ou petite, en faisant à nouveau preuve de créativité, de proposer des produits et des services éthiques et même prestigieux a des tarifs similaires à ceux de la concurrence conventionnelle.


D’autres pistes peuvent ainsi être explorées…


  • Le coût du travail (eh oui !)


Comment ? Suis-je en train de suggérer qu’il faut agir sur le coût de la main-d’œuvre ?


Oui, mais rassurez-vous, pas de la façon dont on le suggère généralement dans les écoles de pensée économiques de marché.


Bien au contraire !


On peut penser que le coût du travail est trop cher en France, mais il semble que, de toute façon, pour une entreprise peu scrupuleuse, il sera toujours trop cher n’importe où dans le monde.


Mais, outre le fait que l’éthique dans le coût et les conditions de travail ne se limite pas au sacro-saint Made in France, l’impact est-il si grand sur le prix final du produit ?


Si on prend l’exemple de l’industrie du textile, majoritairement produite dans les pays dits « du Sud », le collectif Ethique sur l’étiquette rappelle que « la part du salaire de l’ouvrier ne représente que 1 à 3% du coût total. En conséquence même un doublement des salaires des ouvriers qui fabriquent ces produits ne se traduirait pas par une hausse sensible du prix payé par le consommateur : pour une chemise de 8 euros, l’ouvrier perçoit 24 centimes, si son salaire doublait la chemise coûterait 8 euros et 24 centimes. »


Sérieusement : de même qu’aucun consommateur ne devrait être choqué d’une augmentation de quelques centimes du prix d’un vêtement, aucune marque ne mettrait en péril sa rentabilité en répercutant cette augmentation sur ses marges.


Maintenant qu’on a vu dans cet exemple ce que donnerait le doublement du salaire d’un ouvrier en termes de répercussions sur le prix d’un t-shirt, qui passe donc de 8€ à 8,24€…


Faites un petit tour sur les catalogues de robes de mariée, et demandez-vous l’impact éthique qu’aurait une marque qui déciderait, même en continuant de faire appel à une main-d’œuvre étrangère, d’augmenter ainsi le salaire des ouvriers qui auront travaillé sur une robe à 1500 ou 2000€… ?


Révolutionnaire, non ?


Si. Et des entreprises le font.


C’est le cas par exemple de l'enseigne de robes de mariées MyPhiloSophy, dont « 30 à 35 % du prix (TTC) des produits reviennent directement à l’atelier, contre 5% en moyenne », ce qui permet d’offrir aux salariés un revenu supérieur à la moyenne locale, 6 semaines de congés payés, une couverture accident et maladie...


Et vous savez quoi ? Leurs collections restent tout à fait dans la même gamme de prix que celles de Pronovias et compagnie !


  • Le coût des matières premières


Faire preuve de créativité, c’est le cœur même du travail des corps de métier de l’événement de vie : musiciens, décorateurs, pâtissiers…


Et pour continuer dans la même catégorie que l’exemple précédent : couturier-créateur.


Ainsi, à Angers, Gilles Vivier a lancé une mini-collection de prototypes « Upcycling », qu’il décline en fonction des demandes de sa cliente en utilisant exclusivement des tissus chinés ou des chutes de tissus.


Des tissus chinés, oui. Mais alors, quels tissus !


S’il s’agit parfois de fins de série, ce ne sont nulles autres que celles des maisons de luxe parisiennes. Soies de Lyon, dentelles traditionnelles… s’il doit n’en récupérer qu’un seul mètre, l’œil expert de Gilles choisira toujours le meilleur.


(Et sur ce coup, vous pouvez aussi faire confiance à mon fils qui était présent avec moi lors de la visite de l’atelier et qui a hérité de sa mère son goût des belles choses… il a dû caresser avec délectation, du haut de ses 10 mois, environ la moitié des échantillons exposés, accompagné avec patience et prévenance par Gilles lui-même.)


Le concept de Gilles est donc d’allier écologie, créativité et matériaux luxueux.


Ensuite, il passe le nombre d’heures nécessaires au conseil, à la création, à l’adaptation et à la retouche du modèle choisi.


Une telle prestation doit avoir un certain prix, vous dites-vous ?


Oui : et grâce à cet upcycling ultra-haut-de-gamme, le prix d’une robe ou d’un ensemble jupe + top est tout à fait similaire à celui des marques conventionnelles 100% polyester Made in China.


Alors pourquoi se priver d’un tel plaisir éthique à prix raisonnable !


  • Les pratiques écologiques elle-même


Evidemment, impossible de faire l’impasse sur cet aspect : le plus simple, c’est encore de tenter LE pari gagnant-gagnant et universel, c’est-à-dire adopter des pratiques d’entreprise écologiques.


Réduire ses déchets en bannissant le jetable au profit de matériel durable et réutilisable, isoler ses bureaux, économiser l’énergie… sont aussi des moyens de réduire considérablement la dépense !


Et si cela est pensé d’emblée par la marque, l’investissement permettra à terme de réduire les charges de l’entreprise et donc, de pratiquer des prix plus bas que la concurrence (ou d’augmenter ses marges… oui mais non, on y croit, les marques engagées existent !).


Astuce : avec une même somme, acheter mieux


Nous avons vu quelques exemples de la façon dont les marques éthiques peuvent s’aligner, voire défier les prix de l’offre conventionnelle.


Désormais, vous savez donc que le choix d’enseignes éthiques, au moins pour certains aspects de votre événement, vous est accessible!


Pour que cet article soit complet, il ne me reste qu’à vous livrer une dernière astuce pour ne sacrifier aucun poste quand vous organiserez votre événement éthique : acheter mieux.


Car maîtriser son budget tout en en recherchant la plus-value éthique (et sans sacrifier la qualité) ne consiste pas (seulement) à se tourner vers des produits moins chers ou de prix équivalent au conventionnel.


Il s’agit de faire preuve, comme certaines marques citées précédemment en exemples, de CRÉATIVITÉ.


Bien sûr, il y a la solution bien connue de se tourner vers l’occasion, la location (qui cela dit sont également de bonnes idées, que j’ai déjà eu l’occasion de glisser dans de précédents articles)…


Mais la créativité peut aussi consister à faire d’une pierre deux coups : par exemple, si vous souhaitez acheter des plantes « éthiques » pour la décoration de votre salle, pourquoi ne pas choisir de miser sur l’effet d’accumulation de petites plantes en pot qui pourront resservir à l’issue des festivités de cadeaux d’invités ?


On pourrait même parler « d’une pierre trois coups » puisque vous vous économiserez aussi une grande part de rangement le lendemain (puisque vos invités seront repartis avec) !


Sur cette plaisanterie, je vous le redis : la créativité est votre meilleur allié, avec votre vigilance et votre esprit critique.


Gardez en tête vos priorités, ce qui compte vraiment pour vous, et méfiez-vous encore et toujours des manipulations du marketing un peu trop prompt à dévoyer l’argument « éthique ».


Le mieux est souvent l’ennemi du bien, et l’astuce réside parfois dans la simplicité.


Si vous avez par exemple été séduits par le beau symbole des faire-part ensemencés, très en vogue actuellement, alors allez-y. Ils sont plus chers que les faire-part traditionnels, mais s’ils vous plaisent réellement et que vous pouvez vous les offrir, foncez.


Mais si c’est la conviction écologique qui vous motive, alors méfiance : végétal ne signifie pas automatiquement bonne idée. Des tas de questions se posent : les essences à planter seront-elles compatibles avec les biotopes dans lesquels les enfouiront vos invités (le feront-ils seulement, d’ailleurs ?) ? Le papier est biodégradable, mais cela ne veut pas forcément dire que les substances (encres, colles…) qu’il contient sont inertes et sans danger pour les sols ; etc.


Finalement peut-être qu’une solution plus simple conviendra tout aussi bien (le papier recyclé, ou pas de faire-part du tout !)… et sera plus économique.


Encore une fois, à vous de vous rendre conscients et ainsi, libres de vos choix… éthiques et écologiques !



Dans cette optique, faire appel à un organisateur (« wedding-planner ») éthique et écologique - comme Quorum - peut être vu comme un investissement. Rompu aux ficelles du métier, il vous permettra de gagner en temps, en qualité de prestations… et de faire des économies ! Car il connaît et garde en tête vos priorités, a passé du temps à parcourir et surtout à rencontrer personnellement les prestataires de la région, y compris les plus difficiles à trouver…

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