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Devenir parent, un choix égoïste ? (Réponse : oui... mais !)

Dernière mise à jour : 17 mai 2019

« Et toi, tu veux des enfants ? »

Qui d’entre nous, femme ou homme, en couple ou célibataire, ne s’est jamais vu poser cette question ? En général, si notre réponse est « oui », alors suit immédiatement son corollaire : « Combien [tu veux d’enfant(s)] ? ». Mais avez-vous remarqué que, la plupart du temps, c’est seulement si notre réponse est « non » qu’arrive la question : « Pourquoi ? » ?


Pourtant, la question de « pourquoi un enfant » est pertinente (et passionnante) dans les deux cas, même (surtout !) quand la réponse est positive ! Car à notre époque où, plus que jamais auparavant dans l’Histoire, avoir des enfants peut (enfin !) être un choix délibéré et conscient, cela n’a rien d’une évidence…


Je pense donc que, même si on estime que cette question ne regarde pas les autres, elle mérite qu’on se la pose au moins une fois à soi-même, et qu’on se réponde, sans jugement, avec toute l’honnêteté dont on est capable.


Pourquoi souhaite-t-on, à un moment de sa vie, avoir un enfant ? Qu’est-ce qui motive, chez nous, ce grand choix de vie ? Beaucoup d’éléments intéressants peuvent se cacher derrière le désir d’enfant. Et surtout, comprendre ce désir et savoir ce qui nous pousse dans la direction de la parentalité peut nous aider à comprendre qui on est, qui on souhaite être, et améliorer nos relations à nous-mêmes et à nos enfants.


Bien sûr, il n’y a pas de réponse universelle (et du coup, je ne l’ai pas) ! Chaque cas est unique ; c’est vous seul qui savez, et qui déciderez in fine de la direction que prendra votre vie, et de la forme qu’aura votre parentalité (dans le cas où vous avez décidé de tenter cette aventure) !


Que vous soyez déjà, futurs ou peut-être un jour parents, êtes-vous prêts à aller à la rencontre du parent que vous êtes au fond de vous ? Voici quelques pistes de réflexion pour vous permettre d’en savoir un peu plus sur ce que ça veut dire, pour vous, d’avoir (fait) un enfant.




1- Ce que vous dites... et comment vous le dites


S’il est généralement assez simple de dire qu’on « devient » ou qu’on « est » parent, il y a en revanche de très nombreuses façons de dire qu’un enfant arrive (ou est arrivé) dans notre vie.


« Avoir », « faire », « attendre », « désirer », « mettre au monde », « élever »… un enfant, voire « donner la vie » ; cela n’a l’air de rien, mais le choix d’une formulation en dit souvent long sur la façon dont on se représente un événement, et ce qui nous guide profondément vers lui.


De manière générale (mais pas exclusive !), on peut dire qu’on :


· « Fait » un enfant : situe la parentalité de manière volontaire et active ; ce verbe renvoie bien sûr au moment de la conception, mais peut aussi aller plus loin, en suggérant la construction à long terme d’un nouvel individu par l’éducation qu’on lui donnera.

· « Met au monde » un enfant : au contraire, traduit d’emblée une idée de « don » de l’enfant à la société, à la planète… Et une certaine dose de lâcher prise, en admettant d’emblée que l’enfant arrive dans un contexte donné et nous échappera.

· « A » un enfant : est une formulation relativement passive, et la plus commune dans notre société ; elle signifie la possession, mais pas forcément de manière négative, car « avoir » un enfant signifie aussi qu’on en est responsable.

· « Espère » ou « désire » un enfant : se situent en amont de l’arrivée de l’enfant, mais ne traduisent pas la même énergie ; dans un cas, on subit, dans l’autre, on peut être davantage acteur... à condition de ne pas se laisser envahir exclusivement par ce désir.


En fonction de votre histoire personnelle, vous aurez peut-être tendance à préférer et utiliser plus ou moins certaines formulations… ou d’autres encore. Ou à leur attribuer un sens tout à fait différent de ceux que j’ai explicités ci-dessus !


En prendre conscience est juste une première étape.


Encore une fois, c’est vous qui savez le mieux ; à vous de trouver ce que vous voulez dire, avec vos mots.




2- L’enfant, et « tout ce qui va avec »


L’enfant lui-même est bien évidemment la finalité de tout projet parental réfléchi. Mais attendre un enfant recouvre également d’autres réalités, qui peuvent compter tout autant pour vous !


Je vous propose une petite expérience : dites-vous, sans chercher à contrôler l’image qui surgira, la phrase suivante :


« Je suis maman. » ou « Je suis papa. »


Qu’avez-vous visualisé en tout premier avec cette pensée ?


Plusieurs options sont possibles :

- Une grossesse (un ventre arrondi)

- Un accouchement

- Un nouveau-né / un bébé

- Un jeune enfant

- Une fratrie

- Une famille « traditionnelle » (vous, votre conjoint(e), l’enfant)

- Une famille monoparentale (vous et l’enfant)

- Etc.


Cela ne dit pas la même chose, et vous renseigne sur d’autres aspects, parfois très inconscients, de votre désir d’enfant.


Il y a tout d’abord l’aspect de la grossesse. Beaucoup de personnes ne désirent pas seulement un enfant, mais aussi vivre une grossesse (qu’on soit la personne qui porte l’enfant ou son (sa) conjoint(e)). Si c’est votre cas, essayez d’aller plus loin : qu’est-ce qui vous attire dans cette expérience ? Le statut même de femme enceinte (ou de son (sa) conjoint(e)), la transformation ou la connaissance du corps, les sensations qu’on vous en a décrit, le mystère qui entoure cette période…


Est-ce l’attente en elle-même que vous vous êtes imaginé avec impatience ? La préparation de la chambre, les achats à faire, l’éventuel déménagement que cela implique, etc. ? Cela peut signifier par exemple que vous avez envie de changement, d’une nouvelle vie, en passant par des évolutions matérielles.


Si vous avez visualisé un nouveau-né, cela peut traduire votre besoin de prendre soin, d’aimer inconditionnellement. Un enfant plus grand, c’est peut-être votre envie de transmettre, d’observer le processus d’apprentissage, de guider… qui s’exprime.


Avez-vous pensé à une fratrie, une famille ? C’est peut-être d’un modèle familial particulier dont vous avez également envie ! Mais cela peut aussi être un besoin d’être entouré, de vivre de grands événements en communauté… Voire, de poursuivre une lignée, une tradition, de suivre la continuité des générations.


Peut-être les images se sont-elles succédées très vite, mêlant tout cela à la fois !


Difficile en plus de trouver l’origine et la signification profonde de ces désirs complémentaires liés à la venue de l’enfant, si jamais on arrive à les rendre conscients !


Parfois, les réponses qu’on aperçoit peuvent nous contrarier : on se rend compte qu’on désire, surtout ou notamment, faire comme ses parents, comme les autres ; avoir un enfant « parce qu’on peut », qu’on est mariés et que c’est « l’étape d’après », qu’on a « les moyens de l’élever », qu’on a tout simplement du mal à imaginer un autre mode de vie (voire qu’on s’ennuie) ?


C’est normal d’avoir des désirs parfois difficiles à admettre, et il ne sert à rien de les refouler ! Bien que cela puisse être douloureux.


Tous les éléments qu’on trouvera sont bons à prendre, même ceux qui nous semblent les moins avouables !


Car plus on en saura, plus on sera en mesure de comprendre les rapports qu’on aura avec son enfant, l’éducation qu’on souhaite lui donner… et, à mon avis, cela ne peut jamais être néfaste.




3- C’est toujours une question d’égoïsme


Serez-vous un « bon parent », malgré tout ?


Oui.


Il y a plein de sorte de (bons) parents.


Il y a ceux qui ont toujours su qu’ils auraient des enfants. Ceux qui n’en avaient pas (tellement) envie. Ceux qui ne se sont pas posé la question. Ceux, homme ou femme, à qui on n’a pas vraiment posé la question…


Il y a ceux pour qui c’était évident. Ceux pour qui ça ne l’a jamais été. Ceux qui ont changé d’avis.


Il y a ceux qui y ont longuement réfléchi. Ceux qui se sont décidés sur un coup de tête. Ceux à qui « c’est arrivé comme ça ». Ceux qui étaient pourtant sous contraception. Ceux qui l’ont arrêtée consciemment.


Il y a ceux qui ont eu recours à la PMA. Ceux pour qui c’est venu la première fois, ou en quelques mois, ou en quelques années.


Il y a ceux pour qui c’est allé très vite. Ceux qui ont adopté. Ceux qui ont vécu d’abord un avortement, une IMG ou une fausse couche.


Il y a ceux qui ont eu des regrets (on n’en parle pas beaucoup). Ceux qui ont des remords (on en parle encore moins). Ceux pour qui ce n’est (presque ou totalement) que du bonheur.

Il y a ceux qui en ont un, deux ou neuf. Ceux qui comptent parmi leurs enfants celui ou ceux de leur conjoint(e).


Il y a ceux qui sont au foyer. Ceux qui travaillent. Et aussi ceux qui n’élèvent pas ou plus leurs enfants ; ceux qui ont dû recourir à l’abandon, à l’aide sociale à l’enfance, ceux qui ont perdu un enfant, jeune ou moins jeune…


Il y a ceux qui se sont sentis parents dès le premier jour de grossesse. Ceux qui le sont devenus progressivement.


Il y a ceux qui ont pleuré à l’accouchement. Ceux qui n’ont pas voulu ou pu être présents.

Le point commun entre eux tous : ils ont dû décider, à un moment ou à un autre, en fonction d’eux-mêmes, d’être parent.


Qu’on choisisse d’en faire ou de ne pas en faire, qu’on accueille avec joie ou qu’on subisse plus ou moins sa parentalité, on ne demande jamais aux enfants leur avis au moment de les faire (d’où le fameux : « Je n’ai pas demandé à venir au monde ! » de l’adolescent(e)…) ! Pas plus qu’on ne choisit qui ou comment sera son enfant.


L’enfant survient du désir de ses parents. C’est inévitable… Mais ce n’est pas un mal !


Car au fond, qu’y a-t-il de plus aimant à dire à son enfant, quand il arrive, que : « J’ai tellement désiré que tu sois là, je suis tellement heureux de te voir, car je t’ai tant attendu ? »

On aimerait tous être des êtres désintéressés, purs et altruistes, mais ce n’est pas le cas.


On est simplement des êtres imparfaits, aux prises avec leur complexité, qui essayent de faire de leur mieux.


Même si c’est souvent insondable, l’enfant désiré répond à un besoin de ses parents. Besoin de transmettre, d’aimer, de s’occuper de, de partager. L’important, c’est ensuite d’accepter que l’enfant, en tant qu’être à part entière, sera libre de choisir ce qu’il gardera de nous.




Conclusion


On ne peut pas tout contrôler dans la parentalité (en fait, soyons honnêtes : on ne contrôle pas grand-chose !), mais il y a une chose sur laquelle on peut agir si on le souhaite : c’est la façon de la vivre.


S’interroger, tout au long du chemin, sur qui on est, ce qu’on souhaite pour l’avenir de son enfant, quelles sont les principales valeurs qu’on aimerait lui transmettre, de quels dangers on tient à le protéger, à quelles expériences on veut le préparer… Est sans doute le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire.


Et qu’on puisse se faire aussi, à soi-même, pour comprendre, assumer et dépasser enfin ses propres limites, ses besoins, ses attentes… égoïstes.


Parce qu’accueillir l’enfant c’est aussi s’accueillir comme parent, cela peut demander du temps et de l’aide : la préparation laïque est là pour ça ! Et pour (s’)offrir, à soi comme à ses enfants, un vrai temps fondateur, unique et bienveillant sur un chemin familial pas toujours si évident, il y a la cérémonie laïque de baptême.

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